Sommaire
Dans l'antiquité
Des fouilles effectuées au cours de l’année 2015 pour le passage de la géothermie ont permis de découvrir des vestiges qui remontent essentiellement à l’époque gallo-romaine : les archéologues y ont trouvé des installations leur permettant d’imaginer la présence d’une ancienne boucherie — avec son fumoir à viande et l’emplacement pour le chaudron —, deux fours de potier extraordinairement bien conservés — les chambres de chauffe sont parfaitement visibles —, et une riche nécropole à crémation où ont été retrouvées des offrandes funéraires.
La trouvaille sans doute la plus impressionnante est celle de deux fours de potier incroyablement conservés, quelques mètres en dessous d’un champ de maïs. Datant du premier quart du premier siècle après Jésus Christ, ils laissent entrevoir leur chambre de chauffe. « On y produisait de la céramique noire ou rouge, fabriquée avec du Kaolin, en non de l’argile que l’on trouvait facilement à côté. Le Kaolin permettait d’éviter les ratés de cuisson au niveau de la couleur.
Au Moyen Âge
L’existence du village de Kesseldorf est déjà mentionnée au XIIe siècle sous le vocable de Kesselbach. L’empereur Frédéric Barberousse fit don de biens du ban du village au monastère de Koenigsbrück, lors de son passage dans la région vers les années 1162-1163, ce qui est confirmé par les archives datant de l’année 1226.
En 1310, le village est classé comme propriété de l’abbaye Saints-Pierre-et-Paul, fondée par l’impératrice Adélaïde en 968 à Seltz, et devint par mise en gage en 1409, avec la ville de Seltz, propriété des comtes palatins (Pfalzgraf). Aux XVIe et XVIIe siècles, on ne parle plus guère de Kesselbach.
Après la Révolution française
C’est seulement après la guerre de succession espagnole de 1714 que quelques artisans, faiseurs de balais, de sabots ou de céramique en grès au sel se sont installés à l’emplacement de l’ancien village Kesselbach, ainsi que des paysans pour cultiver la terre laissée en jachère. Le village est alors connu sous l’actuel vocable Kesseldorf. Certains historiens pensent que ce nom est lié à la confection dans les siècles passés de chaudrons (Kessel signifie « chaudron »).
Le 29 juin 1715, Jean Jacques Wehrly fut le premier baptisé au village et le 14 juin 1718, le premier mariage eut lieu.
En 1720, Jean Georges Kempf fut le premier consultant. En 1727, le village comptait 26 maisons et seule l’actuelle rue principale existait.
En 1732, le village avait une mairie, une école, une chapelle et un restaurant.
Tantôt propriété de Seltz, tantôt du Palatinat, les deux villages de Kesseldorf et Seltz furent échangés par le Palatinat au « Deux-Ponts » (Zweibrücken) ; Kesseldorf acquiert son indépendance à la Révolution française.
Au 19ème Siècle
Après 1801, la paroisse fut desservie par Beinheim et, en 1844, une église surmontée d’un clocheton, l’actuel chœur, la nef et ses trois vitraux de chaque côté, fut construite. Cette église fut agrandie en 1952 par l’entrepreneur Émile Gerber et des bénévoles du village.
Le bâtiment abritant l’école et la mairie date de 1890.
Pendant la grande guerre
Kesseldorf a perdu 14 de ces habitants sur le champ de bataille.
Busch Johann, né le 28 Novembre 1887, tombé le 11 Mai 1915 vers Flirey (Meurthe-et-Moselle)
Weigel Auguste, né le 8 Septembre 1885, tombé le 18 mai 1915 à Hurnie Galicie (actuellement Ukraine)
Osterle Franz Anton, né le 27 Septembre 1882, tombé le 15 Juillet 1915 vers Leintrey (Meurthe-et-Moselle)
Schlaudecker Edouard, né le 10 Juillet 1888, tombé le 02 aout 1915 à Bereswitschi am Stochod (Russie)
Weigel David, né le 13 Mai 1882, tombé le 26 Mars 1916
Weigel Alex, né le 20 Décembre 1895, tombé le 03 Juillet 1916 à Glodovo en Russie (actuellement Ukraine)
Oesterle Alois, né le 27 Septembre 1896, tombé le 11 Octobre 1916 à Pustomyty en Russie (actuellement Ukraine)
Kern Eugen, né le 01 Juillet 1898, tombé le 25 Juin 1917 à Moorslede (Belgique)
Oesterle Josef, né le 06 octobre 1891, tombé le 08 Mai 1918 à Villers-Bretonneux (Somme)
Kern Léo, né le 19 février 1893, tombé le 25 juillet 1918 à Reims (Marne)
Oesterle Ferdinand, né le 01 Septembre 1888, tombé le 25 Octobre 1918
Oesterle Josef, né le 19 février 1887, disparu
Roth Johannes, né le 21 février 1890, disparu
Schlaudecker Ludwig, né le 09 Février, disparu
Le deuxième conflit Mondial
Le village a été très peu détruit: seuls ont été relevés, de léger dégâts sur l’église. Par contre, 14 de nos enfants sont tombés pour la France :
Müller Joseph, né le 06 septembre 1919, mort pour la France le 3 Novembre 1943 en Russie, à l’âge de 24 ans.
Baumann René, né le 22 avril 1923, mort pour la France le 5 Novembre 1943 à Nikoleifeld (Russie), à l’âge de 20 ans.
Oesterle Alois, né le 25 septembre 1921, mort pour la France le 17 octobre 1943 sur le front de l’est, à l’âge de 22 ans.
Oesterlé Eugène, né le 18 mai 1923, mort pour la France le 17 octobre 1943 à Oktoberfeld (Russie), à l’âge de 20 ans.
Rinckel Ernest, né le 30 mai 1917, mort pour la France le 17 octobre 1943 à Kowel (Pologne), à l’âge de 26 ans.
Roth Marcel, né le 06 juillet 1923, mort pour la France le 26 octobre 1943 à Rabowitsch (Russie), à l’âge de 21 ans.
Busch Bertolphe, né le 12 juin 1924, mort pour la France le 22 février 1944 à Krivoï-Rog (Russie), à l’âge de 20 ans.
Müller Albert, né le 30 septembre 1916, mort pour la France fin juin 1944 près de Witsbek (Russie), à l’âge de 28 ans.
Baumann Eugène, né le 12 octobre 1924, mort pour la France le 12 juillet 1944 à Dzikowicze (Pologne), à l’âge de 20 ans.
Bletzacker Anselme, né le 20 février 1918, mort pour la France le 18 aout 1944 à Mazargues (Bouches-du-Rhône), à l’âge de 26 ans.
Roos Joseph, né le 15 novembre 1922, mort pour la France le 18 aout 1944 à Gumbinnen (Russie), à l’âge de 22 ans.
Schlaudecker Joseph, né le 20 septembre 1911, mort pour la France le 30 Aout 1944 sur le front de l’est, à l’âge de 33 ans.
Oesterle Clément, né le 7 juillet 1926, mort pour la France le 8 novembre 1944 en Russie, à l’âge de 18 ans.
Kremer Roland, né le 21 Juillet 1939, à Hatten est mort en marchant sur une mine le 20 février 1945, à l’âge de 6 ans; il était venu se réfugier à Kesseldorf depuis Hatten avec sa famille, suite à la destruction de leur maison par les combats de char entre Allemands et Américains.
De 1950 à 2000
Après la Seconde Guerre mondiale, le village a vécu une ère de modernisation, avec la pose du tout à l’égout, l’aménagement des routes et des trottoirs, l’agrandissement et la transformation de l’église, la construction de la salle des fêtes par une équipe de bénévoles, l’extension du village, la construction du passage sous l’autoroute et la construction du lotissement de la Forêt.
Kesseldorf était un village de bouilleur de cru Kirschwasser, jusque dans les années 90, ce qui à côté du surnom des Eichhase (écureuils) nous étions les kirsche picker (cueilleurs de cerises). Les deux restaurants malheureusement fermés aujourd’hui, étaient renommés jusqu’au sud de Strasbourg, de Karlsruhe et même de Pforzheim , pour leurs tartes flambées qui étaient parmi les meilleures du Bas Rhin.
Kesseldorf au 21ème Siècle
Aujourd’hui, Kesseldorf se trouve le long de l’autoroute A35.
Le village est un membre influent de la Communauté des Communes de la Plaine du Rhin. Guy Callegher, maire depuis 1977 et fondateur de la Communauté de Commune est un acteur important du bien vivre à Kesseldorf.
Au recensement de 2015, Kesseldorf compte 428 habitants.
Les bornes sur le ban de Kesseldorf, témoins du passé
L’actuel ban de la commune de Kesseldorf se trouve à cheval sur les anciennes possessions de l’abbaye cistercienne de femmes de Koenigsbruck, fondée avant 1152 par Frédéric le Borgne, Duc de Souabe, et celles du couvent de Seltz, fondé en 991 par l’impératrice Adélaïde, de ce qui deviendra plus tard le Saint Empire Romain Germanique.
Les 2 couvents avaient des possessions à Kesselbach, Kesselhof (Kesseldorf) et au Meerfeld. Sur la limite entre ces possessions, on trouve encore un bon nombre de bornes (voir plan ci-contre)
I. Bornes armoriées délimitant les possessions de l’abbaye de Koenigsbruck et celles du couvent de Seltz
Ces bornes portent sur l’une des faces : les armes des Cisterciens de l’abbaye de Koenigsbruck, un écusson à bande déchiquetée combinée avec une crosse abbatiale, dont la tête n’est plus visible car martelée et remplacée par un numéro d’ordre d’un recensement plus récent , et les majuscule K et B ainsi que la date 1748. Sur la face opposée, on peut lire les lettres S T S (Stift Selz = couvent de Seltz) (1)
II. Bornes limitant la forêt des Hospices civils de Strasbourg
Bornes portant sur une des faces la croix de l’ordre des Jésuites et des Hospitaliers. En 1692, le roi de France récompense les Jésuites pour avoir reconverti les Seltzois au catholicisme en leur donnant tous les biens de l’abbaye. Ceux-ci passeront aux Jésuites du Collège de Strasbourg, et seront cédés plus tard aux Hospices Civils de Strasbourg qui en sont les héritiers. Sur l’autre face figurent des numéros de recensements plus récents.
III. Borne dite d’Adélaïde, la plus ancienne de Basse Alsace
On ne connait pas la date de sa pose, mais on peut avancer qu’elle est la borne la plus ancienne identifiée dans la Basse-Alsace encore à sa place primitive. (1)
Hüffel signalait la présence de deux hautes bornes, délimitant la forêt de l’Aschbruch et celles données par l’impératrice aux localités voisines à l’est de Roedern et de Seltz, l’une couchée sur le sol et brisée, l’autre debout, qu’on appela longtemps dans le pays « les bornes d’Adélaïde ». Il n’en existe plus qu’une seule, debout et en bon état. C’est une colonne irrégulière en grès d’environ 1,70 m de haut et 0,30 m de diamètre moyen, sans inscriptions ni figures, à l’exception du nombre F60 sur sa face sud, correspondant à un numéro d’ordre d’un recensement plus récent. La constitution de Seltz, de 1310, les mentionnait sous le nom de Hattener Stein. (2)
En 1643, Matheus Merian écrit: » So ist auch Hanauisch das Hettgau ein besondere Landschaft, in dem Revier umb Seltz, und Seltzerwald da S. Adelhaids Kaysers Othonis I Gemahlin Stein, und Hatten liegt. » (3)
Sources :
1 Emile Heydmann, Pierre-bornes armoriées des environs de Haguenau, 1958, pages 101, 102, Addenda 2, plus bas page 124
2 G. Huffel , L’Aschbruch, Histoire d’une forêt communale, Strasbourg 1931, page 13
3 M.Merian, Topographia Alsatiae, Frankfurt 1643
Credits Photographies : Martial Hausser 2015